Qu’est-ce qu’une espèce invasive ou envahissante ?
Une espèce invasive ou envahissante est une espèce introduite dans un milieu qui n'est pas son milieu d'origine, et dont le développement nuit aux espèces et à la biodiversité locale.
Les espèces qui sont introduites dans un milieu qui n’est pas le leur peuvent parfois être mieux adaptées que les espèces locales. Elles deviennent alors soit des prédateurs, soit des concurrents directs des espèces autochtones. De plus les espèces envahissantes ont souvent de fortes capacités de reproduction, et l’écosystème dans lequel elles s’implantent ne comporte pas forcément de maladies ou de prédateurs pouvant limiter leur développement.
Les espèces envahissantes sont souvent introduites dans le milieu par l’homme : soit de façon directe et volontaire (culture, élevage, commerce) soit de manière involontaire ou accidentelle (transport, voyage, tourisme).
Heureusement, chaque espèce introduite ne devient pas toujours envahissante. On estime qu’une espèce introduite sur mille finit par nuire aux écosystèmes. Parmi ces espèces végétales beaucoup affectionnent les habitats humides (berges des plans d’eau et des cours d’eau) ou le milieu aquatique.
Jussie | Myriophylle du Brésil | Renouée du Japon | Balsamine de l'himalaya ©SYMBO |
© Observatoire Régional de l’Environnement Poitou-Charentes |
Quelles plantes envahissantes sur le bassin de la Boutonne ?
Sur le bassin de la Boutonne, les principales espèces végétales envahissantes identifiées le long des cours d’eau ou dans les milieux aquatiques sont les suivantes : La Renouée du Japon, la Jussie, le Myriophylle du Brésil, la Balsamine de l'Himalaya et l’Erable négundo.
Quelles sont les solutions mises en œuvre ?
Un observatoire régional des plantes exotiques envahissantes des écosystèmes aquatiques a été créé (l’ORENVA) en Poitou-Charente. Il permet d’établir le suivi des populations des différentes espèces qui prolifèrent de façon anormale. Les acteurs de terrains formés à l’identification et au repérage de ces espèces saisissent leurs observations dans la base de données de l’ORENVA, qui peut ensuite cartographier les évolutions des espèces invasives le long des cours d’eau et dans les milieux aquatiques.
Il est important de noter que la gestion des plantes invasives est complexe et que certaines opérations comme le fauchage ou l’arrachage, si elles ne sont pas réalisées correctement peuvent favoriser la prolifération des plantes que l’on tente d’éradiquer et donc empirer la situation. Les collectivités intervenant dans l’entretien des cours d’eau procèdent à des opérations d’arrachage, ou de fauchage des plantes invasives seulement si les opérations envisagées peuvent apporter une réelle amélioration. L’ORENVA apporte son expertise et ses conseils techniques aux acteurs de terrains en les formant aux différentes méthodes de gestion visant à limiter ou éradiquer les plantes envahissantes lorsque les conditions le permettent.
Sur le bassin de la Boutonne
Le SYMBO et le Service des voies d’eau du Conseil départemental 17 réalisent le travail de prospection ainsi que les interventions sur le terrain (arrachage, fauchage etc.) sur leurs territoires de compétence respectifs. Certaines associations de pêche viennent également compléter le travail de prospection concernant la Jussie notamment sur le secteur de la Trézence. Les acteurs transmettent ensuite l’ensemble de leurs observations à l’ORENVA.
Le SYMBO, rédige un bilan annuel de la situation à l’échelle du bassin versant qu’il transmet à l’ensemble des acteurs. Il permet ainsi aux différents acteurs du territoire de connaître les enjeux présents d’un bout à l’autre du bassin (les espèces présentes ou émergeantes, l’état de colonisation d’une espèce en particulier, etc.). Le SYMBO sert également de relais pour diffuser de l’information, orienter les acteurs de terrain vers des formations adaptées (reconnaissance d’espèces par exemple) ou encore pour leur permettre de se rencontrer entre eux et de partager leurs expériences.
Les comportements à adopter
Bien que les espèces invasives soient connues, nombre d’entre elles sont toujours en vente librement, notamment dans les magasins de jardinage et les animaleries. Il est préférable de ne pas acheter ces espèces pour l’ornement des aquariums, des mares ou des jardins.
Si vous possédez déjà des plantes telles que la Jussie, le Myriophille du Brésil etc. dans un aquarium ou dans une mare, il est important de prendre toutes les précautions nécessaires pour ne pas favoriser leur colonisation du milieu naturel. Par exemple, lors d’un changement d’eau d’aquarium, il faut veiller à ce qu’aucun fragment de plante ne soit emporté vers le réseau d’assainissement avec l’eau usagée. Il est préférable de récupérer les débris de plantes (même si ils ont l’air « morts ») et de les faire sécher ou bruler avant d’en disposer.
Lors d’une balade au bord d’un cours d’eau, ou si vous avez une propriété riveraine, et que vous rencontrez un espace colonisé par une espèce qui vous semble invasive, ne prenez pas de mesures avant de vous être renseigné auprès de la collectivité compétente. Des actions d’éradication non préparées et pratiquées par des personnes non-formées ne font généralement qu’empirer les situations. Si vous ne savez pas vers qui vous tourner, renseignez vous auprès de votre mairie. N’utilisez surtout pas de produit désherbant pour vous débarrasser d’une espèce qui prolifère à proximité d’un cours d’eau ou d’un plan d’eau : d’une part vous vous rendriez coupable d’une infraction vis à vis de la loi, mais surtout, vous risquez de détruire toute forme de vie dans le cours d’eau.
Description de quelques espèces présentes sur le bassin
La Renouée du Japon colonise les berges des cours d’eau, étangs, lacs ainsi que le bord des routes et des chemins. Sa croissance extrêmement rapide ainsi que ces capacités de régénération lui permettent d’éliminer toutes les autres espèces végétales. Les herbiers de Renouée ne constituent pas un habitat propice pour la faune locale. Ainsi, lorsqu’elle est introduite, la Renouée élimine toute la biodiversité environnante à mesure qu’elle se développe. | |
Renouée du Japon © Observatoire Régional de l’Environnement Poitou-Charentes |
La Jussie est une plante flottante originaire d’Amérique qui développe des tiges sous l’eau et hors de l’eau. Elle se développe dans les eaux calmes - eaux stagnantes ou peu courantes (étangs, marais, cours d’eau …) et les secteurs bien éclairés. En milieu favorable, elle peut doubler sa masse toutes les 2 à 3 semaines.
Les herbiers « étouffent » les écosystèmes en consommant toutes les ressources disponibles et leur densité empêche la colonisation par d’autres espèces et affecte les écoulements des eaux. Des observations récentes indiquent que la Jussie peut s’adapter au milieu terrestre et coloniser des prairies. Cela peut être dommageable non seulement pour les écosystèmes mais également pour les activités agricoles. |
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Jussie © Observatoire Régional de l’Environnement Poitou-Charentes |
Le Myriophylle du Brésil est très apprécié en aquariophilie et comme plante d’ornement dans les mares. Ce succès a permis à la plante de coloniser les milieux aquatiques principalement dans l’ouest de la France. La plante peut développer des tiges au-dessus de la surface des eaux et coloniser des fonds jusqu'à trois mètres. Elle occupe de préférence les milieux d’eau stagnante ou à faible courant, en situation éclairée. Il s’agit d’une plante à croissance rapide, qui se développe depuis les rives où elle s’enracine, et qui s’étend ensuite sur l’eau. La croissance de la plante est favorisée par des eaux riches en nutriments ; si la luminosité est suffisante, elle peut progresser de 10 cm par semaine. (Conservatoire national botanique de Brest) |
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Myriophylle du Brésil © Observatoire Régional de l'environnement Poitou-Charentes |
Sources des information et ressources web :
Observatoire Régional des plantes envahissantes des écosystèmes aquatiques de Poitou Charente. ORENVA : http://www.orenva.org/
Haury J., Hudin S., Matrat R., Anras, L. et al., 2010.Manuel de gestion des plantes exotiques envahissant les milieux aquatiques et les berges du bassin Loire-Bretagne, Fédération des conservatoires d'espaces naturels, 136 p consultable en ligne : http://www.centrederessources-loirenature.com/mediatheque/especes_inva/manuel/manuel_complet.pdf