Certaines activités ou usages de l'eau par l'Homme nécessitent des prélèvement d'eau dans le milieu ou les nappes phréatiques, produisent des rejets, des pollutions, des perturbations du cycle naturel des eaux.

Par ordre d'intensité, d'un point de vue quantitatif ce sont les prélèvements de l'agriculture pour l'irrigation des cultures qui sont les plus importants (et concentrés sur 4 à 5 mois de l'année en été), puis la production d'eau potable (toute l'année, avec des pics en saison chaude) et de l'usage industriel (selon les process).

Pour le bassin de la Boutonne, la répartition des prélèvements pour ces usages est la suivante:

Données: Moyenne des volumes consommés de 2007 à 2015
Sources: Agriculture: DDTM 17, DDT79, ; Industrie : Solvay, Agence de l'Eau Adour Garonne ; Alimentation en Eau Potable : SMAEP4B, SERTAD, SDE 17
 

Du fait de ces usages, qui ont évolué au cours du temps, le bassin versant de la Boutonne est en fort déficit quantitatif structurel depuis les années 1990 et classé de fait en Zone de Répartition des Eaux (Z.R.E.).

Le SDAGE Adour-Garonne et le SAGE Boutonne définissent des débits d’objectif d’étiage qui doivent être respectés 8 années sur 10, afin de permettre de concilier les usages. Pour rétablir progressivement un équilibre entre "ressources disponibles" et "besoins en eau", plusieurs leviers ont été et sont encore mobilisés : économies d'eau, optimisation du matériel d'irrigation, baisse des volumes autorisés, projets de stockage d'eau... L’atteinte du volume prélevable (VP) défini à 3,8 Mm3 pour les eaux superficielles et nappe d'accompagnement à l'horizon 2021, permet de concourir à cet objectif. Tous les usages sont réglementés par des objectifs de VP, cf tableau ci-dessous pour le bassin Boutonne :

 

Les aléas climatiques, les modifications du bassin versant (notamment les déboisements, les assainissements ou assèchements de zones humides, les rectifications, surcreusement de cours d'eau...), les aménagements et artificialisations (constructions, voiries, imperméabilisation des sols...) influent aussi beaucoup sur le cycle de l'eau et la disponibilité de la ressource dans l'espace et le temps.

Du fait de ces évolutions et de ces usages, le bassin de la Boutonne est très souvent en situation de déficit, de crise sécheresse. Des mesures de réduction des pressions de prélèvements ont été engagées depuis les années 2000 afin de progressivement rétablir l'équilibre entre besoins et ressource disponible. Ces objectifs ont été inscrits dans le SAGE Boutonne et traduit de façon opérationnelle dans un projet de territoire pour la gestion quantitative élaboré et validé en 2016. Il définit entre les acteurs du bassin les modalités d'une concertation collective sur la gestion de l’eau, les engage sur plusieurs axes de retour à l'équilibre et 31 fiches actions à réaliser sur la période 2017-2020.

 

 

 

Le cumul de ces prélèvements induit une pression sur la ressource en eau du bassin versant : sur les débits des sources, des rivières, de la Boutonne, sur les niveaux de nappes, dans les zones humides...

Un indicateur de cette pression, en période estivale, est le respect du débit d'objectif d'étiage (DOE) à Moulin-de-Châtre. Si les débits de la Boutonne restent supérieurs à 80% de ce DOE, l'ensemble des usages prioritaires sont censés être garantis (milieux aquatiques, eau potable, usages économiques, loisirs...). Le graphique ci-dessous montre depuis les années 70, l'évolution de cet indicateur (en bleu respect, en rouge non respect). Depuis les années 90, cet indicateur est régulièrement en défaut, alors que les objectifs réglementaires du SDAGE et du SAGE sont de respecter le DOE et donc de garantir un équilibre entre préservation de l'eau et des milieux aquatiques / usages, 8 années sur 10, pour 2 années de crise. Sur la Boutonne, l'équilibre est loin d'être respecté. Les aléas climatiques (sécheresses hivernales et estivales) expliquent en partie ce constat, et la densité, l'intensité des prélèvements pour l'agriculture en particulier, les réaménagements ruraux en expliquent une grande part quelque soit l'année climatique, d'où les objectifs du SAGE et du projet de territoire sur ces problématiques d'aménagement de versants et de retour à l'équilibre quantitatif.